L’inflation cachée existe depuis quinze ans environ. Son effet cumulé sur quinze ans a considérablement appauvri un grand nombre de Français, mais de façon lente et progressive, ce qui fait que ça s’est moins remarqué. J’ai mis un post l’autre jour avec une référence.
Cette durée importante – quinze ans, une demi génération – permet d’écarter quelques explications populaires.
Ce n’est pas une question de cours de change. Sur quinze ans, l’euro a monté face à dollar et sterling, baissé face à yen et franc suisse. On ne peut pas parler de baisse tendancielle.
Ce n’est pas non plus une histoire de quantitative easing, d’injection de liquidités par les banques centrales, ou, comme on dit parfois improprement, de création monétaire (les banques centrales faisant de l’émission monétaire, la création monétaire étant l’œuvre des banques commerciales). Les grandes injections de liquidité par les banques centrales, BCE, Fed, Banque d’Angleterre, sont des phénomènes récents, elles débutent en Europe vers fin 2009, pour devenir vraiment massives vers fin 2011. Rien là qui puisse expliquer une chose visible depuis quinze ans. D’autant plus que les effets inflationnistes de ces injections de liquidité sont encore à venir, pour l’instant, les banques commerciales se sont contentées de thésauriser l’argent ainsi émis, qui n’a pas encore eu l’occasion de circuler dans l’économie.
Alors, qu’est ce qui reste ?
Je n’en sais rien, mais je propose une tentative d’explication.
Ce qui a commencé aux alentours de 1995, c’est le libéralisme plein pot. L’un de ses effets pervers se trouve être de favoriser la concentration de richesses, c’est à dire un processus progressif par lequel la richesse est transférée d’un très grand nombre de ni-riches-ni-pauvres vers un très petit nombre de très riches. Il s’ensuit un appauvrissement du plus grand nombre – dont on sait par ailleurs qu’il a bel et bien lieu, voir mon lien de l’autre jour – et cet appauvrissement doit être masqué pour des raisons électorales et de cohésion sociale. Dès lors, un trucage de la statistique de l’inflation devient nécessaire, lui aussi se met en place progressivement, non pas par une grande tricherie brutale, qui serait visible, mais par une accumulation de petites ruses techniques, chacune n’ayant en elle-même pas beaucoup d’effet, mais qui ont à elles toutes un effet marqué.
